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Goal

Rencontre amicale

Décors

L’action se déroule au centre de Clairefontaine. C’est un immense parc avec un château, des locaux communs (foyer, cafétéria), des bâtiments d’hébergement, une infirmerie et bien sûr des terrains, des vestiaires, des salles de musculation, etc…

Personnages

Dans la fiction, ce centre est dirigé par M. Fontanel et administré par Léa Saron (Nathalie Mann).

Les six joueurs sont :
- Richard (Philippe Durand), Tireur, le plus prometteur
- Olivier (Laurent Bateau), Goal, capitaine de l’équipe
- Luis (Frédéric Diefenthal), le fils d’immigré
- Keita (Edouard Montoute), Le Malien fou de musique
- Bruno (Jean-Marie Rollin), L’amoureux de Virginie, la sœur de Richard
- Janvier (Ludovic Van Der Vorm), Le « fils à papa » antipathique

Ils sont entraînés par Marc Duroy (Jacques Bouanich). Virginie (Vanessa Lhoste), la sœur de Richard, est infirmière dans l’infirmerie du centre tenue par Doc (Jean-Michel Dagory).

SCÈNE 1
TERRAIN D’ENTRAINEMENT - EXT/JOUR

MARC, après un match d’entraînement, passe parmi les JOUEURS (OLIVIER, RICHARD, KEITA, BRUNO, JANVIER et LUIS) qui effectuent des exercices au sol.

MARC

(Consultant ses notes) Bon. Bruno, t’es encore trop lourd… Tu cours comme un pachyderme… Boom ! Boom ! Léger, mon vieux ! Un gazelle… Compris ? (Consultant ses notes) Luis ! Tu t’accroches à la balle comme si c’était une bouée de sauvetage. Fais-la circuler !

LUIS
Oui, m’sieur.

MARC
Bon, Keita, quand t’as la balle, on sait jamais ce que tu vas faire. T’hésites trop longtemps. OK ?

KEITA
Oui, m’sieur.

MARC
Janvier. Bon, alors toi, au début t’es un véritable ouragan, et puis au bout de 10 minutes, y’a plus personne. Travaille un peu ton endurance. Olivier, plus souple, hein ? T’as l’air d’un garde-républicain dans sa guérite. Bon, Richard, ça va, mais évite de remonter tes chaussettes toutes les cinq minutes. Mets un élastique, je sais pas…

RICHARD
Y’en a un, déjà…

MARC
Bon. Tu te débarrasses de ce tic, OK ?

RICHARD
Oui, m’sieur.

MARC se place devant tous les JOUEURS.

MARC
Bon. Information. On va avoir la visite d’une journaliste de“Paris-Flash”. Plus fort tirage de la presse hebdomadaire. Elle va sûrement vouloir vous interviewer. Alors mettez-vous bien dans la tête qu’elle n’écrit pas un cahier de doléances. Vous racontez toute votre vie si ça vous chante, mais vous évitez de vous plaindre. OK ? C’est très important pour nous. Allez ! À la douche !

SCÈNE 2
ALLEE CENTRE - EXT/JOUR

CAROLINE Muler, une jeune femme de 35 ans environ, arrive dans le centre. Elle porte une tenue “sport”. À côté d’elle, ROBIN, le photographe, 35 ans également. Allure sportive. Ils semblent un peu perdus. CAROLINE avise MARC qui est plongé dans le moteur de sa voiture, en salopette de mécanicien.

CAROLINE
Pardon, monsieur, où se trouve le bâtiment administratif, s’il vous plaît… ?

MARC se redresse et regarde CAROLINE. L’étonnement se lit sur son visage.

MARC
Caroline… ?

CAROLINE
Marc… ?

MARC
C’est toi la journaliste… ?!

CAROLINE
Ben oui…

MARC

(Ravivant un souvenir) Caroline Mercier…

CAROLINE
Muler, maintenant.

MARC
Ah ! Il y a un monsieur Muler…

CAROLINE
Deux, même. Un grand, et un tout petit. Je te présente mon photographe, Robin Lassart.

ROBIN
Enchanté.

MARC

(À Robin) Enchanté. (À Caroline) Ça alors ! Journaliste… ! Remarque, ça m’étonne à moitié. C’est ce que tu voulais faire…

CAROLINE
Dis donc, ça fait un drôle d’effet de te revoir au bout de 15 ans. T’as définitivement lâché le football… ?

MARC

(Surpris) Pas vraiment, non… !

CAROLINE
T’as raison. C’est mieux de faire le mécanicien ici que dans un garage. Tu es encore dans l’ambiance…

MARC

(Réalisant la confusion de Caroline) Ah, non, non ! C’est juste un passe-temps.

CAROLINE
Te défends pas. C’est pas déshonorant d’être mécanicien.


MARC, désarçonné, ne répond pas.

CAROLINE
Bah moi, tu vois, c’est l’inverse de toi. J’ai commencé par faire des petits boulots minables et puis j’ai trouvé ma voie. Je vais sur tous les points chauds du globe. C’est fatiguant mais j’adore ça.

MARC
Et ici, c’est un point chaud… ?!

CAROLINE
Oh, non, ici… On m’a demandé de faire un truc un peu détente, pour l’été, avant de partir au Moyen-Orient. Je vais pas me casser. J’ai lu une brochure sur le centre et des articles sur les scandales du foot. Je vais agiter tout ça, et basta.

MARC
Les scandales ?!

CAROLINE
Bon, excuse-moi. J’ai rendez-vous avec Léa Saron. On se revoit ?

MARC
Bien sûr…

CAROLINE
Ça m’intéresse aussi d’avoir ton avis sur tout ça. OK. J’y vais. Ça me fait plaisir de te retrouver.

MARC
Moi aussi.

KEITA arrive, faisant son footing.

MARC

(À Keita) Tiens, tu tombes bien, toi.

KEITA
Oui, m’sieur Duroy ?

MARC
Tu accompagnes ces deux personnes chez Léa Saron. OK.

À la vue de CAROLINE, le regard de KEITA se met soudain à briller. Il est séduit.

KEITA
Ah, cool !

CAROLINE

(À Marc) À bientôt.

CAROLINE et ROBIN, guidés par KEITA, s’éloignent.

MARC
Si t’as besoin d’une vidange, t’hésites pas !

CAROLINE

(En s’éloignant) OK !

MARC

(À lui-même) Eh ben dis donc !

SCÈNE 3
FAÇADE CHÂTEAU - EXT/JOUR

KEITA arrive devant le château avec CAROLINE et ROBIN. On prend leur conversation en cours.

KEITA
Le problème, ici, c’est la pression. Les parents, les entraîneurs, l’administration. On peut pas se laisser aller cinq minutes. Faut assurer tout le temps.

CAROLINE
Il doit y avoir une sacrée concurrence entre vous…

KEITA
C’est sûr…

CAROLINE

(Sournoise) Pas au point de vous réjouir si l’un d’entre vous se casse une jambe… Si ?

KEITA est désarçonné par la remarque de CAROLINE. Il hésite un instant. Puis :

KEITA
Ah, non. On est de super potes ! Faut pas croire. Bon. Voilà, c’est dans ce bâtiment. Au premier.

CAROLINE
Merci.

KEITA
Si vous voulez que je vous tuyaute, pas de problème. Je connais le centre comme si j’y étais né…

CAROLINE
Pourquoi pas ? À bientôt.

CAROLINE et ROBIN se dirigent vers le château. KEITA s’aperçoit alors que les autres JOUEURS l’observaient. Il va vers eux.

OLIVIER
Il te les faut toutes !

KEITA

(Émoustillé) Belle occase, hein ?

OLIVIER
Ça pourrait être ta mère !

KEITA
J’aime bien quand c’est déjà bien rodé.

BRUNO
Bonjour la tendresse !

KEITA
Je vous parie que je l’invite à dîner.

BRUNO
Tu paries quoi ?

KEITA
Euh… Un dîner.

BRUNO
Super ! On fait ça quand ?

KEITA
Attends ! J’ai pas encore perdu le pari.

SCÈNE 4
ALLEE CENTRE - EXT/JOUR

CAROLINE, ROBIN et LÉA se promènent dans les allées du centre.

CAROLINE
Je suppose que ça n’a pas dû être facile de vous imposer…

LÉA
Pourquoi ? Non…

CAROLINE
On dit que pour les sportifs, les femmes, c’est plutôt pour la troisième mi-temps, non ?

LÉA

(En souriant) Je suis désolée, mais je ne suis pas une victime du sexisme.

CAROLINE
Vous êtes vraiment une exception.

LÉA
Pourquoi pas ? De toute façon, il y a bien des choses à dire sur ce centre. Le sexe de la directrice est très anecdotique…

CAROLINE
Ce n’est pas mon avis. On continue la visite ?

LÉA
Oui…


Au détour d’une allée, CAROLINE, ROBIN et LÉA voient arriver MARC, en jogging, un ballon à la main. Il s’approche du groupe.

LÉA
Je vous présente notre meilleur entraîneur, Marc Duroy.

CAROLINE fusille MARC du regard.

CAROLINE
Entraîneur ?! (À Marc) Mais tu m’as dit…

MARC
Je ne t’ai rien dit. Tu ne m’as pas laissé parler.

CAROLINE
Mais enfin, tu m’as fait croire…

LÉA

(Surprise) Vous vous connaissez ?

MARC
C’est une très ancienne histoire…

CAROLINE

(Furieuse, à Léa) Bon ! Est-ce que je pourrais interroger des stagiaires ?

LÉA
Bien sûr.

Furieuse, CAROLINE s’éloigne d’un pas décidé. LÉA l’interpelle.

LÉA
Où allez-vous ?

CAROLINE
Interroger les stagiaires…

LÉA

(Lui montrant la direction opposée) C’est par là… !

SCÈNE 5
FOYER - INT/JOUR

CAROLINE et les JOUEURS sont assis dans le foyer.

CAROLINE
Qui est-ce qui peut me raconter une journée type dans ce centre ?

KEITA
Moi !

CAROLINE

(Souriante) Allez-y.

KEITA
Eh ben, on se lève à 8 heures, on prend le petit déj’…

OLIVIER
Hé ! On se lave d’abord !

KEITA
Ah oui ! On se lave, on prend un p’tit déj’…

CAROLINE
Diététique ?

BRUNO
Oui, mais moi, je prends toujours un peu de confiture avec le diététique.

KEITA
C’est sûr que, question bouffe, ici, ça vaut pas une petite auberge que je connais…

Les JOUEURS éclatent de rire et charrient KEITA.

LES JOUEURS
Hé, l’autre !…

KEITA

(Aux joueurs, voulant rattraper le coup) Et alors ?! C’est pas vrai qu’on mange pas terrible, ici ?

LES JOUEURS

(Hilares) Si, si !

CAROLINE
Vous voulez dire que la cuisine du centre peut être nocive pour votre santé ?

KEITA

(Gêné) Euh… Non… Mais, bon…

CAROLINE
Je vois. Vous ne pouvez pas en dire plus… Et ensuite ?

OLIVIER
Ensuite, on a des cours…

KEITA
Attends ! C’est moi qui raconte… Bon. On a des cours. Après, à 10 heures, on a entraînement. Et puis l’après-midi, même cirque : cours, entraînement.

CAROLINE
Et le soir ? Vous pouvez sortir ?

OLIVIER
Jamais.

KEITA

(Paniqué) Si ! Comme on veut ! (Rageant, à OLIVIER) Oh !…

OLIVIER
On peut sortir, mais c’est très réglementé.

CAROLINE

(Notant) D’accord. (Aux joueurs) Et cet excès de discipline vous pèse un peu, non ?

OLIVIER
Non. Si on veut être les meilleurs…

CAROLINE
Je suppose que c’est pas seulement une question de discipline. Il y a le talent individuel…

OLIVIER
Au départ, c’est surtout ça !

CAROLINE
Mais qu’est-ce qui se passe si vous sentez que vous n’arrivez pas à vous améliorer. Vous arrêtez ?

OLIVIER

(Un peu gêné par la question) Non…

CAROLINE
Pourquoi ? Parce qu’on a beaucoup investi sur vous ?

OLIVIER
Parce qu’on aime le foot !

CAROLINE
Vous pourriez continuer à en faire ailleurs…

OLIVIER
Oui, c’est sûr…

CAROLINE
Vous voulez dire que si vous continuez, c’est à cause de la pression qu’on exerce sur vous ?


Les JOUEURS se regardent, perplexes.

OLIVIER
Non. Mais c’est pas si simple que ça.

CAROLINE

(Pas convaincue) Excusez-moi, je sens que j’ai mis le doigt sur un point douloureux. (Un temps) Bon. Je vais continuer mon enquête… Si j’ai d’autres questions, je reviendrai vous voir.

KEITA
Pas de problème. Je suis à votre disposition. Je connais le centre comme si j’y étais né !

CAROLINE
Oui, je sais. Vous me l’avez déjà dit.

KEITA
C’était pour être sûr que vous aviez pas oublié.

CAROLINE

(Pas dupe) Oui, oui. C’est gentil à vous !

SCÈNE 6
BUREAU LÉA - INT/JOUR

LEA est assise à son bureau. MARC se tient debout, en face d’elle.

LÉA

(Très nerveuse) Elle a commencé à insinuer des choses sur le financement du centre. J’avais l’impression d’être interrogée par la police !

MARC
Je crois qu’elle mélange tout…

LÉA
Vous imaginez que c’est très mauvais pour nous. Elle est capable d’écrire n’importe quoi. Son journal est très lu. Et, en plus, son article va paraître juste avant notre conseil d’administration…

MARC
Le problème, c’est qu’elle ne connaît rien au football.

LÉA
Ah bon ? Je croyais que vous étiez très liés…

MARC
Oui… Mais, elle s’intéressait plus à l’homme qu’au joueur de football. J’aurais fait de la poterie ou de la pelote basque, elle n’aurait pas vu la différence !

LÉA
Je vois. Est-ce que vous ne pourriez pas essayer de faire jouer un peu la corde sensible, histoire d’arrondir les angles ?

MARC
C’est délicat ce que vous me demandez…

LÉA
Je suis très inquiète. Elle va tout faire pour trouver un bon petit scandale.

MARC
Je suis bien d’accord avec vous, mais…

LÉA

(Suppliante) Pour le centre…

MARC

(Sacrifié) D’accord.

SCÈNE 7
TERRASSE CAFÉTARIA - EXT/JOUR

Les JOUEURS (sauf BRUNO) sont assis à la terrasse de la cafétaria.

OLIVIER

(À Keita) Hé, dis donc, Keita, t’as pas fini de la draguer, la journaliste ?

JANVIER
Tu te rends pas compte que t’en fais des tonnes !

KEITA
Je fais toujours comme ça…

JANVIER
Mais la Caroline Muler, c’est pas une de tes petites groupies, c’est une journaliste !

KEITA

(Haussant les épaules) C’est une femme, c’est pareil ! Je sens que ça commence à mordre !

JANVIER
Oh ! L’autre !

BRUNO entre dans le foyer.

BRUNO
Attention, les gars, j’ai le scoop du siècle. Caroline Muler, c’est une ancienne petite amie à Duroy !

LES AUTRES
Non !

BRUNO
Certifié.

JANVIER

(À Keita) Pas de bol ! Chasse gardée, mon vieux ! T’as fait tout ton cinéma pour rien !

KEITA
Dis, tu m’as regardé ? T’as regardé Duroy ? Je suis le recordman du monde du baiser le plus long, mec. Tu savais pas ? Duroy, au bout de deux secondes, il étouffe…

À ce moment, MARC arrive près des JOUEURS. Il a vaguement entendu la fin de la phrase de KEITA.

MARC
Qui est-ce qui étouffe ?

KEITA
Rien. Euh... On parlait plongée sous-marine.

MARC
Bon. Caroline Muler veut m’interviewer. Le programme de l’après-midi va être modifié. Je vous le préciserai tout à l’heure. (Contrarié) Je suis désolé. Ça m’ennuie autant que vous. Mais, bon, ça fait partie des corvées. J’espère qu’elle va pas rester une semaine.

Les JOUEURS ont écouté MARC avec un sourire.

MARC
Qu’est-ce que vous avez à vous marrer comme ça ? (Les joueurs ne répondent pas) C’est à cause de la journaliste ? Mais qu’est-ce que vous allez imaginer… ?

Les JOUEURS ne répondent toujours pas mais continuent de fixer MARC, avec un léger sourire.

MARC
Bon, d’accord. Je vois que tout le centre est au courant. OK. Caroline est une amie d’enfance…

Les JOUEURS restent dans la même attitude.

MARC

(Après une hésitation) … Une très bonne amie d’enfance, si vous voulez tout savoir. Mais…

Les JOUEURS continuent de regarder MARC en souriant bêtement. MARC les observe un instant sans rien dire puis quitte le foyer.

MARC

(En sortant) Oh, et puis ça vous regarde pas !

Les JOUEURS restent entre eux. Ils éclatent de rire et se tapent dans la main.

BRUNO

(À Keita) Alors ? Quand est-ce qu’on le fait ce dîner ?

KEITA
Mais ce que t’es lourd !

SCÈNE 8
FAÇADE CHÂTEAU - INT/JOUR

CAROLINE sort un petit sac de voyage du coffre de sa voiture. ROBIN est auprès d’elle.

ROBIN
Qu’est-ce que tu fais ?!

CAROLINE
Je passe la nuit au centre. Toi aussi, d’ailleurs…

ROBIN
T’aurais pu me prévenir !

CAROLINE
J’ai besoin de prendre l’ambiance. Bon. J’ai interviewé les stagiaires. Je sens qu’il y a des choses qu’ils n’osent pas me dire.

ROBIN
Quelles choses ?

CAROLINE
Écoute, quand je les vois, je suis mal à l’aise. J’ai l’impression d’être dans un élevage de poules industrielles. On les gave de foot et ils ne voient jamais le soleil.

ROBIN
C’est leur passion… C’est leur vie…

CAROLINE
Justement ! Comme c’est vital pour eux, ça ouvre la porte à toutes les pressions. Bon. J’ai besoin de toi. T’es un homme, tu fais du sport. Ils auront plus confiance en toi. Il faudrait que tu essaies de leur tirer quelques confidences. Tu vois ?

ROBIN
Pas très bien, non.

CAROLINE
Mais si. Ils le sentent sûrement qu’on se sert d’eux pour faire du fric.

ROBIN
Mais dis donc, je suis photographe, moi !

CAROLINE
Ça t’empêche pas de parler !

CAROLINE tend son sac à ROBIN.

CAROLINE
Tiens. Aide-moi à porter ça !

SCÈNE 9
TERRAIN FOOTBALL - EXT/JOUR

ROBIN prend des photos des JOUEURS. RICHARD tire un but qu’OLIVIER arrête en faisant un petit jeu comique. ROBIN arrête de photographier et s’approche d’OLIVIER. Les JOUEURS se regroupent autour de lui.

ROBIN

(À Olivier) Tu me fais penser à un goal qu’on avait. Un vrai pitre ! Dès qu’un joueur arrivait vers son but, il se mettait à faire des grimaces. Un coup sur deux, l’autre tirait à côté…

BRUNO

(À Olivier) Ça me rappelle le goal belge, tu te souviens ? (OLIVIER acquiesce. À Robin) J’étais seul. J’avais remonté tout le terrain. J’arrive devant le but, tranquille. Je vais tirer. Tout à coup, il fait le grand écart ! (Il mime) Crac ! D’un coup ! J’ai pas paniqué…

OLIVIER
Non, t’as pas paniqué, mais t’as raté le but.

BRUNO
Ben, t’imagines… T’as devant toi un goal qui fait plus qu’un mètre de haut… Tu sais plus où t’en es !

JANVIER

(À Robin) Ce qu’il ne te dit pas, c’est qu’on était à égalité, et à une minute de la fin du match.

BRUNO
Ouais, bon… C’était pas un match important mais j’ai eu la honte pendant quinze jours. Qu’est-ce que j’en ai entendu après !

ROBIN
C’est des trucs comme ça qu’il faudrait raconter à Caroline.

OLIVIER

(Pas enthousiaste) Mouais…

ROBIN

(Après un sourire) T’as raison ! Moins vous parlerez, mieux ça ira. Je vous le dis entre nous, je crois qu’elle veut vous faire passer pour des poules.

LUIS
Des poules ?… Mouillées ?

ROBIN
Non. Pondeuses.

Les JOUEURS, un peu déroutés, ne savent que dire. BRUNO se lance.

BRUNO
Mais qu’est-ce qu’on pond ?

ROBIN
Des millions. Beaucoup de millions. Pour vous… mais aussi pour tous les gens qui vous font jouer.

LUIS
Où est le problème ? Elle pond ses articles pour la gloire, elle ?

ROBIN
Justement, oui. C’est ça qui est dangereux.

SCÈNE 10
ALLÉE CENTRE - EXT/JOUR

CAROLINE et MARC marchent dans une allée du centre.

CAROLINE
Parce que tu crois que j’ai marché dans ton histoire de mécanicien !

MARC
Oh non ! Il n’est pas né celui qui trompera la grande Caroline Muler !

CAROLINE
Arrête ! (Un temps) Entraîneur… Ça, ça m’étonne. J’étais persuadée que tu avais abandonné le football.

MARC
J’ai toujours eu ça dans la peau !

CAROLINE
Mais non. T’avais pas de diplômes, c’était un bon moyen de gagner de l’argent rapidement.

MARC
C’est ça que tu pensais !?

À ce moment, LUIS vient vers MARC et CAROLINE.

LUIS
Pardon, m’sieur. L’entraînement, c’est bien à 16 heures au lieu de 15 heures…

MARC
Mais oui !

LUIS

(En s’en allant) Oh, alors, qu’est-ce qu’il raconte Bruno… ?!

LUIS s’éloigne.

MARC
Qu’est-ce qu’on disait ? Ah oui… Là, tu me scies complètement. Le foot, c’est ma passion.

CAROLINE
Oh non, ne me fais pas le coup de la passion !… Pas toi ! T’as jamais été un passionné. Ni du foot… ni de moi, d’ailleurs.

MARC
Avec toi, si on fait pas des bonds de trois mètres toutes les cinq minutes, on n’est pas passionné.

CAROLINE
Je ne t’en demandais pas tant !

À ce moment, JANVIER arrive.

JANVIER
Pardon, m’sieur. L’entraînement, c’est 17 heures, c’est bien ça ?

MARC
16 HEURES !!! J’ai dit 16 heures ! Allez ! File !

JANVIER

(S’en allant) Ah, bah, qu’est-ce qu’il raconte Olivier !

JANVIER s’éloigne.

MARC
De toute façon, tu es mal placée pour parler de ça, t’as jamais mis les pieds sur un stade.

CAROLINE
J’avais ma licence à préparer. J’allais pas passer mes dimanches à me geler sur un banc.

MARC
T’aurais peut-être compris que j’aimais vraiment ça, le football.

CAROLINE
T’avais pas envie de me voir, c’est tout ! Le football, c’était le bon prétexte.

À ce moment, BRUNO surgit.

BRUNO
Pardon, m’sieur… L’entr…

MARC
16 heures !!!

BRUNO

(En s’en allant) Ah ! C’est bien ce qui me semblait.

BRUNO s’éloigne. CAROLINE se lève.

CAROLINE
Bon. Je vais te laisser à ton cher football.

MARC
Et ton article ?

CAROLINE
Ça prend forme, petit à petit.

MARC
Je peux savoir ?

CAROLINE
C’est trop tôt.

MARC

(Contrarié) Ah… ! (Un temps) Tu veux pas qu’on dîne ensemble ce soir ? Il y a un petit restaurant à l’entrée du village…

CAROLINE
Je te vois venir. T’as peur de ce que je vais écrire…

MARC
Non. Je voudrais te faire comprendre deux ou trois choses sur le football. Tu m’as pas écouté y’a quinze ans. C’est peut-être le moment. J’ai l’impression qu’il y a eu un malentendu.

CAROLINE
Bien sûr ! Écoute, je ne suis pas venue ici pour réparer le passé. OK ? Allez, à bientôt.

CAROLINE s’éloigne d’un pas décidé. MARC est cloué sur place.

MARC
Elle est pire qu’à vingt ans !

SCÈNE 11
BORD DU TERRAIN ENTRAÎNEMENT - EXT/JOUR

Les JOUEURS s’entraînent sous la direction de MARC. Sur le bord du terrain, ROBIN prend des photographies. CAROLINE le rejoint.

CAROLINE
Alors ? Qu’est-ce qu’ils t’ont dit ?

ROBIN

(Un peu gêné) Rien. C’est pas facile de leur tirer les vers du nez.

CAROLINE

(Contrariée) C’est bien ce que je craignais. Tu as changé de camp…

ROBIN
Mais, écoute, on n’est pas à Beyrouth !

CAROLINE
Peut-être, mais un entraîneur bedonnant qui fait courir des adolescents boutonneux, ça n’intéresse personne !

ROBIN

(Sec) On va pas inventer un scandale pour te faire plaisir… ! Qu’est-ce que t’as à gagner dans cette histoire ? Si tu te plantes, ça te retombera dessus. Ça commence à marcher pour toi, t’as pas droit à l’erreur !

CAROLINE réfléchit un long moment.

CAROLINE
T’as peut-être raison.


CAROLINE s’écarte de ROBIN pour appeler MARC.

CAROLINE
Hou ! Hou !

SCÈNE 12
TERRAIN ENTRAÎNEMENT - EXT/JOUR

MARC tourne le dos à CAROLINE. KEITA, lui, ne l’a pas quittée des yeux. Il prend l’appel de CAROLINE pour lui tandis que MARC se retourne.

KEITA

(Ravi) Moi ?!

CAROLINE sourit et d’un geste désigne MARC.

CAROLINE
Marc !

KEITA est désappointé.

MARC

(À Keita) Navré, mon vieux, c’est pour moi.

KEITA
Faut laisser la place aux jeunes, m’sieur Duroy !

MARC
Tout à fait d’accord avec toi. Mais ça presse pas ! (À Caroline) Qu’est-ce qu’il y a ?

CAROLINE
Je peux te parler ?

MARC

(Aux joueurs) Je reviens…

MARC va rejoindre CAROLINE.

On reste sur les JOUEURS qui s’amusent de la déception de KEITA. BRUNO s’approche de lui.

BRUNO

(Narquois) Bon. On est 11, sans compter les remplaçants… Ça va te coûter un maximum… !

KEITA
Écoute, toi le pachyderme… (Il lui pince le nez) je vais te faire un nœud à ta trompe !

BRUNO
Aïe !

SCÈNE 13
BORD DU TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT - EXT/JOUR

MARC rejoint CAROLINE.

CAROLINE

(Soudain séductrice) Je suis désolée pour tout à l’heure. Je regrette ce que j’ai dit.

MARC
C’est rien.

CAROLINE
Je crois que je vais laisser tomber ce reportage.

MARC

(Stupéfait) Ah bon !?

CAROLINE

(Après un temps) Il existe toujours, ce restaurant ?

MARC

(Avec un sourire) À l’entrée du village ?… Oh, oui, je pense qu’ils l’ont pas rasé depuis tout à l’heure !

CAROLINE
On pourrait aller vérifier. Ça te dit toujours ?

MARC

(Fou de joie) Oui, bien sûr.

CAROLINE
Alors, à ce soir…

CAROLINE s’éloigne avec ROBIN. On reste sur MARC qui n’en croit pas ses oreilles.

MARC
Ça alors ! (Puis, triomphant, en se frottant les mains) Hé ! Hé !

SCÈNE 14
FAÇADE CHÂTEAU - EXT/SOIR

C’est le soir. CAROLINE se dirige vers sa voiture. Les JOUEURS, à l’abri de son regard, l’observent. KEITA est en tenue “civile”.

OLIVIER

(Impatient, à Keita) Bon. T’y vas ?

KEITA

(Faussement assuré) Ouais, ouais…

BRUNO
Vas-y !

KEITA
Ouais ! J’y vais.

KEITA s’approche de CAROLINE.

KEITA
Vous rentrez à Paris ?

CAROLINE
Pas tout de suite, non. Pourquoi ?

KEITA
Comme ça. J’avais envie de dîner dehors. Mais, bon, c’est pas grave, y’a un super restau au village… Je vais y aller à pied…

CAROLINE
Vous allez dîner seul ?

KEITA
Ouais, ça m’arrive. J’ai bien ça. C’est sûr, à deux c’est mieux… Et vous ? Vous, vous aimez ça, dîner seule ?

CAROLINE
Je dîne avec Marc Duroy.

KEITA

(Déçu) Ah, d’accord… (Un temps) On peut prendre un verre après…

CAROLINE ne répond pas.

KEITA

(Cherchant une porte de sortie) Une autre fois, alors…

CAROLINE sourit.

MARC sort du château. Il est vêtu d’un superbe costume sombre, coiffé impeccablement. Les JOUEURS sont médusés !

LES JOUEURS
Ouah ! La classe !

RICHARD
Hé, m’sieur Duroy ! C’est pas le Réveillon de Noël !

MARC, qui aurait préféré passer inaperçu, s’avance vers les JOUEURS.

MARC
Bah quoi ! Vous n’avez jamais vu un pingouin ?

JANVIER
Vous allez pas être en forme pour l’entraînement de demain…

MARC
Hé ! Mais qu’est-ce qui vous arrive, là ? Ça vous regarde ce que je fais de mes soirées ?

MARC veut rejoindre CAROLINE.

MARC
Bon. J’y vais.

BRUNO
Bah, et nous ? Qu’est-ce qu’on va faire ce soir ?

MARC
Comme d’habitude !

Les JOUEURS sont déçus. MARC hésite. Puis :

MARC
Bon, allez. Comme vous avez bien répondu aux questions de mademoiselle Muler, permission de minuit !

LES JOUEURS
Ouais !

MARC rejoint CAROLINE et KEITA. Les deux hommes se toisent en souriant.

MARC

(Prenant Caroline par le bras) Tu permets ?

KEITA
Allez-y !

MARC ouvre la portière à CAROLINE et va s’asseoir au volant. Par la portière, CAROLINE échange un sourire avec KEITA.

KEITA revient vers ses amis.

OLIVIER
Alors ?

KEITA
Je vous invite au restau.

LES JOUEURS
Ouais !

OLIVIER
On y va avec Robin ?

KEITA
Hé ?!

SCÈNE 15
INFIRMERIE - INT/NUIT

DOC est auprès de JANVIER et de BRUNO, allongés sur les lits de l’infirmerie, le visage tuméfié, pansé. OLIVIER, RICHARD, LUIS et KEITA sont présents. MARC entre dans l’infirmerie en costume. Il est affolé.

MARC

(À Richard) Alors ?! Qu’est-ce qui s’est passé ?

RICHARD
Ben, on est allé au restau. Après, Olivier et Luis sont rentrés au centre avec Robin. Nous on est allés en boîte, au “Dragster”…

MARC
La boîte de folles ?!

RICHARD
Oui… Mais, bon, c’est très mélangé. Y’a des fumeurs et des non-fumeurs, si vous voyez ce que je veux dire.

MARC
Bon, continue, on a compris… !

RICHARD
En partant, sur le parking, y’a un type qui s’est approché de Janvier… C’est parti très vite. Bruno a essayé de les séparer. Mais bon, c’était trop tard.

MARC
Et le type ?

RICHARD
Bah, on sait pas… On est partis vite fait.

MARC
Vous l’avez laissé là-bas ?! Vous n’avez prévenu personne ?

RICHARD
Bah non.

MARC
Oh là là ! Oh là là. Mais qu’est-ce que vous avez dans la cervelle !(À Doc) Mais, et vous ? Vous n’avez rien fait ?

DOC
J’apprends l’histoire en même temps que vous…

MARC
Bon, allons-y. Viens, Richard, tu vas nous montrer où c’est… On va pas laisser ce type crever sur un parking.

Au moment où MARC et DOC s’apprêtent à sortir, CAROLINE et ROBIN apparaissent.

CAROLINE
Quel est le problème ?

MARC
Tout va bien.

CAROLINE
Où vous allez ?

MARC
T’occupes pas de ça !

CAROLINE

(Furieuse) Je suis journaliste ! J’ai le droit de savoir ! Je viens avec vous !

MARC
Tu restes ici !

MARC, DOC et RICHARD s’éloignent. CAROLINE s’approche de KEITA.

CAROLINE
Vous pouvez peut-être me tuyauter ?… Autour d’un verre…

KEITA s’interroge.

SCÈNE 16
BUREAU LÉA - INT/JOUR

LEA est assise à son bureau. MARC est debout, devant elle.

LÉA
Résumons-nous. Permission de minuit injustifiée… Agression d’un touriste Suisse égaré qui a eu le malheur de prononcer « Monthléry » comme « Mon chéri ». Non-assistance à personne en danger. Et, comme si ça ne suffisait pas, une journaliste au milieu de tout ça… !

MARC
C’est pas de ma faute si Keita a lâché le morceau. Quant au touriste, je l’ai vu ce matin à l’hôpital. Il ne portera pas plainte.

LÉA
Bon. C’est déjà une chose. Mais si un article sur ce qui s’est passé cette nuit paraît, Fontanel va exploser, avec quelques éclaboussures sur nous. Sans compter le préjudice pour les stagiaires.

MARC
Elle n’ira pas jusque là…

LÉA
Allez quand même l’interroger…

MARC
Vous avez raison…

SCÈNE 17
COULOIR DE L’INFIRMERIE - INT/JOUR

CAROLINE et DOC sont dans le couloir de l’infirmerie. DOC est devant la porte et empêche CAROLINE d’entrer dans l’infirmerie.

DOC
Je suis désolé, madame, vous ne pouvez pas interviewer les stagiaires.

CAROLINE
Comment vous appelez-vous ?!

DOC
Ça, ça me regarde ! Si vous espérez m’intimider…

CAROLINE
Vous trouvez ça normal, vous, que des individus laissent un homme mourant sans prévenir personne !

DOC
L’homme en question n’était pas mourant, il était sonné. Vous n’avez jamais reçu de coup de poing dans votre vie ?

CAROLINE
Jamais, non.

DOC
C’est dommage.

ROBIN sort de l’infirmerie.

CAROLINE

(Stupéfaite) Tu étais là ?!

ROBIN
Bah, oui ! Je venais prendre de leurs nouvelles.

CAROLINE

(À Doc) Je croyais que personne ne pouvait les approcher !

DOC
Prendre des nouvelles et interviewer, ce n’est pas la même chose.

CAROLINE
Bon. (À Robin) Passe-moi les photos que tu as prises sur le parking.

ROBIN
Je croyais que t’abandonnais le reportage ?

CAROLINE
J’ai changé d’avis.

ROBIN
Tu le tiens, ton petit scandale, c’est ça ?

CAROLINE
J’ai le droit d’avoir ces photos.

ROBIN
Et moi, j’ai le droit de te planter là. Allez tchao !

Il tente de partir. CAROLINE le retient par la manche.

CAROLINE
Donne-moi ce négatif !

ROBIN se retourne, regarde CAROLINE puis sort le négatif de sa poche. Il tire sur la languette et voile la pellicule. Il la passe autour du cou de CAROLINE.

ROBIN
En souvenir !

Puis il s’éloigne.

CAROLINE
T’inquiètes pas. Je m’en souviendrai !

SCÈNE 18
FAÇADE CHATEAU - EXT/JOUR

Une voiture est à l’arrêt. CAROLINE, un petit sac de voyage sur l’épaule, marche résolument vers la voiture. MARC apparaît et va à sa rencontre.

MARC
Où tu vas ?

CAROLINE
C’est grave ce qui s’est passé cette nuit.

MARC
Grave… ! Personne n’est mort !

CAROLINE
Vous allez les exclure ?

MARC
Non…

CAROLINE
C’est bien ce que je pensais. Pas question de tuer la poule aux œufs d’or. Ils peuvent tout se permettre. Ils vous rapportent trop de fric !

CAROLINE repart vers sa voiture. MARC la rattrape.

MARC
Caroline ! Tu dis n’importe quoi !

CAROLINE
Bah tiens, t’as vu le prix des derniers transferts ?

MARC
Mais le foot, c’est pas que ça ! C’est des milliers de jeunes qui se retrouvent le dimanche pour jouer sur un stade. Ou qui tape dans une balle sur le trottoir. Tu mélanges tout !

CAROLINE hésite un instant puis repart vers la voiture. MARC la rattrape de nouveau.

MARC
Attends, Caroline. Qu’est-ce que t’as vu ? Une bagarre d’adolescents à la sortie d’une boîte. C’est là-dessus que tu vas faire ton article ? T’as même pas assisté à un match !

CAROLINE
J’ai autre chose à faire.

MARC
J’ai l’impression de t’entendre y’a 15 ans. T’avais toujours autre chose à faire. Tu passes à côté des gens sans rien voir. T’as pas compris que je pouvais t’aimer et aimer le foot en même temps !

CAROLINE
Qu’est-ce que t’espères ? Que je vais te tomber dans les bras en te demandant pardon ?

MARC
Je me demande pourquoi tu es venue…

CAROLINE
Je me le demande aussi.

MARC accuse le choc. CAROLINE part vers sa voiture.

SCÈNE 19
TERRAIN FOOT - EXT/JOUR

Ambiance de match du dimanche. Spectateurs dans les tribunes. MARC sur le banc de touche. Le score n’est pas l’avantage du centre (3-1). Ni JANVIER ni BRUNO ne jouent.

1ère action : Un but marqué par l’équipe adverse. (4-1). MARC est désespéré.

2ème action : KEITA est victime d’un tacle adverse. Il sort du terrain en boitant et vient s’asseoir sur le banc de touche.

KEITA

(Grimaçant de douleur) Je vais lui éclater les varices, à ce mec… !

MARC
Oh, toi ! Tu ferais mieux de te taire.

KEITA baisse la tête. MARC est préoccupé.

MARC
On va le perdre, ce match…

KEITA
Oh, c’est qu’une rencontre amicale !

MARC
Et alors ? C’est important, une rencontre amicale. Et j’ai plus de remplaçant, moi.

MARC, soucieux, réfléchit un instant. Une idée semble germer dans sa tête. Il traverse le terrain pour parler à l’arbitre. On n’entend pas leur conversation. MARC semble proposer quelque chose à l’arbitre.

Insert : On remarque une femme dans les tribunes, assise à l’arrière. Elle porte un fichu et des lunettes noires. Elle retire ses lunettes pour les nettoyer. On reconnaît CAROLINE ! Elle observe le conciliabule entre MARC et l’arbitre.

L’arbitre accepte la proposition de MARC qui, aussitôt, revient sur le banc de touche, retire son survêtement et s’élance sur le terrain, en tenue. Applaudissements dans les tribunes. Surprise et joie des JOUEURS.

Insert : CAROLINE dans les tribunes est elle-même très surprise.

Deux actions où MARC montre qu’il est totalement dans la partie et prend plaisir à jouer. Complicité avec les joueurs.

Inserts entre les deux actions et à la fin de la deuxième action : CAROLINE prend peu à peu conscience de l’amour de MARC pour le football et participe aux rebondissements du match.

ELLIPSE

L’arbitre siffle la fin du match. MARC est porté en triomphe par les JOUEURS.

Insert : Dans les tribunes, CAROLINE sourit. Elle semble conquise. Puis elle devient soucieuse et quitte la tribune.

MARC entre dans les vestiaires avec les JOUEURS.

SCÈNE 20
ALLÉE CENTRE - EXT/JOUR

Les JOUEURS font un footing dans une allée du centre. MARC court à leur tête. Ils rencontrent LÉA qui, figée au milieu de l’allée, tient une revue dans la main. MARC s’arrête soudain, très soucieux. Le visage de LÉA est grave.

Elle s’approche de MARC et ouvre la revue pour faire lire à MARC l’article de Caroline.

MARC
Alors ?

LÉA
Rien sur les stagiaires. Mais lisez.

MARC regarde la revue et reste bouche bée.

MARC
Mais c’est moi, ça !

LÉA
Vous étiez jeune !

MARC
J’avais vingt ans ! Oh, bah, ça ! Elle l’avait gardée, cette photo !

Puis MARC commence à lire l’article.

MARC

(Lisant) “La passion jusqu’au bout”.

MARC échange un sourire avec LÉA. Il paraît flatté. Les JOUEURS se sont approchés et lisent l’article avec MARC.

MARC

(Lisant) “On a souvent, à tort, les yeux rivés sur les scandales qui agitent le milieu du football. Mais le football, c’est surtout des milliers de jeunes qui se retrouvent le dimanche pour jouer sur un stade. Ou qui tapent dans une balle sur le trottoir…” (À Léa) C’est moi qui lui ai dit, ça. (Reprenant la lecture) “Marc Duroy, entraîneur dans le Centre de formation de nos futures stars est un bel exemple de cette passion désintéressée…”

MARC affiche un sourire satisfait.

LÉA
Vous auriez pu me dire que vous l’aviez convertie ! Ça m’aurait évité de passer une semaine affreuse…

MARC
Je ne comprends pas… (Reprenant sa lecture) “Sa passion du football le pousse encore à chausser les crampons pour remplacer un joueur défaillant…” (À Léa) Comment elle a su ? Elle était là ?

MARC reste silencieux un court instant. Puis, peu à peu son visage s’illumine.

MARC
Elle était là…

Il se tourne vers les JOUEURS.

MARC
Elle était là ! Elle était là !!! Caroline a assisté à un match de football ! Vous vous rendez compte ! Caroline sur un stade ! Et elle m’a vu jouer ! Oh, j’en reviens pas !


MARC se replonge, émerveillé, dans la lecture de l’article. Puis, à LÉA :

MARC
Elle était là ! (Se tournant vers les joueurs) Vous vous rendez compte !

LES JOUEURS

(Ironisant) ELLE ÉTAIT LÀ !!!???

MARC
Oh ! Ce que vous êtes bêtes !

FIN




© Christian Julia. 2021-2021.
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